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Meursault est condamné à avoir la tête tranchée. Dans sa cellule, il refuse avec obstination la visite de l’aumônier et il écrit : Je me suis souvenu dans ces moments d’une histoire que maman me racontait à propos de mon père Je ne l’avais pas connu. Tout ce que je connaissais de précis sur cet homme, c’était peut être ce que m’en disait alors maman: il était allé voir exécuter un assassin. Il était malade à l’idée d’y aller. Il l’avait fait cependant et au détour il avait vomi une partie de la matinée. Mon père me dégoutait un peu alors. Maintenant je comprenais, c’était naturel. Comment n’avais-je pas vu que rien n’était plus important qu’une exécution capitale et que, en somme, c’était a seule chose intéressante pour un homme ![1]
Lucien Auguste Camus, le propre père de Albert Camus est mobilisé comme 2e classe dans en septembre 1914. Atteint à la tête par un éclat d’obus qui l’a rendu aveugle, il est évacué sur l’école du Sacré-Cœur, de Saint-Brieuc, transformée en hôpital auxiliaire; il y meurt moins d’une semaine après, le 11 octobre 1914. De son père, Albert Camus, né le 7 novembre 1913 près de Bône (aujourd’hui Annaba) en Algérie, ne connaîtra que quelques photographies et une anecdote significative : son dégoût devant le spectacle d’une exécution capitale. Sa mère est en partie sourde et ne sait ni lire ni écrire : une drôle de mère pour une drôle de suppléance.
L’œuvre de Camus commence par ces premiers mots :
Aujourd’hui maman est morte. Ou peut être hier, je ne sais pas.
Et le texte se déploie. Les dates sont imprécises, les temps se croisent, on passe du présent au passé, comme dans un rêve intemporel, comme dans une séance de divan. Sur l’autre scène freudienne, celle de l’inconscient de Camus, se joue une pièce qui ne s’arrête jamais, qui se répète sans cesse. C’est Joseph Morana qui a écrit l’adaptation de l’Etranger et a créé le personnage éponyme. Né à Tunis, comédien et professeur de théâtre, il travaille en ce moment à un Camus et moi, voyage initiatique au cœur même de la création de Camus. Jacques Lacan écrivait : le théâtre présentifie l’inconscient. La pièce de Morana, dans un au-delà de l actuel, par l’adoption courageuse d’une prise de conscience de la corporalité de Meursault, traduit-trahit le texte de Camus, réifie ses conflits et combats psychiques, et peut être les nôtres. A chacun de nous son insight propre, à chacun de nous de ressentir cette révélation, assis dans notre siège de théâtre.
(©DRS)20 € (15 € étudiants)
On se présentera à la billetterie du Théâtre avant 20:40. (réservation conseillée ce jour, mardi, au 0627425700)
[1] L’Etranger, Albert Camus, page 109, FOLIO.
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