Il y a tant à dire sur Beckett et sur son Godot que nous nous sommes réduit à évoquer quelques unes des particularités de la mise en scène de Sachot.
1- La relation entre Estragon et Vladimir est classiquement dysharmonique, ils ont du mal à communiquer, à se comprendre. En même temps ils se connaissent depuis 60 ans, ils ont une pratique l’un de l’autre. Est-ce qu’il y a de l’amour entre les deux, de l’érotisme. La question est posée à Jean-Claude Sachot qui a vu dans les deux frères de mauvaise fortune, une solidarité ou une camaraderie qu’il avait déjà observé chez des des SDF. En Didascalie Samuel Beckett parles de “volupté” lorsqu’ils se touchent s’effleurent ou essaye de s’embrasser. Pas d’amour mais un lien de fraternité due à une intelligence de la rue. 2- Lorsque l’enfant paraît classiquement il vient avec un moment joyeux, une bouffée d’oxygène et d’espoir. Or l’utilisation d’une marionnette crée quelque chose de beaucoup moins rafraîchissant; on reste dans l’étrange, dans le mystère; la marionnette ajoute encore de l’inquiétant à la pièce. 3- Comment est décrite la détresse des personnages. Godot, c’est l’objet attendu, c’est aussi l’objet manquant. Ni abandonné ni abandonnant seulement manquant. Les deux compères ont reçu la promesse de la visite d’un Sauveur et dans cette attente ils entretiennent un vide dans leurs pensées dans leurs activités dans leur vie afin de préparer sa venue, le vide comme place pour le recevoir. Il ne s’identifie pas à Godeau ils s’identifient à l’attente. Au fond nous allons tous rencontrer un jour Godot et ce sera notre fin. On ne s’identifie pas à sa fin. 4- La séquence Estragon : Allons-nous-en. Vladimir : On ne peut pas Estragon : Pourquoi ? Vladimir : On attend Godot Estragon : c’est vrai. Cette séquence est un motif repris 6 ou 7 fois dans la pièce Le “c’est vrai” Dit beaucoup. Résignation bien sur et c’est classique mais aussi une acceptation, une soumission, c’est vrai je n’ai pas le droit de bouger je suis soumis à Godot, à l’attente pour lui. “C’est vrai” est aussi une incantation, une exhortation : j’aimerais bien que ce soit vrai, j’aimerais bien que Godot existe, j’aimerais bien qu’il vienne, j’aimerais tant ne pas attendre pour rien. La répétition du motif organise le lien entre les deux personnages, en cela qu’il fonctionne comme un rite qui célèbre une tres vieielle relation entre les deux vagabonds. Jean-claude Sachot éclaire : les deux vagabonds se prennent la main pour appuyer cette célébration. (Enfin dans ce c’est vrai il y a aussi quelque chose de la décharge freudienne on entend le soulagement, Philippe Catoire le restitue comme un mot qui fait baisser la pression. En psychanalyse on sait de quoi on parle quand on parle de décharge face à la détresse face à l’Hilflosigkeit, cette décharge se constitue par la répétition de l’expérience hallucinatoire de satisfaction)
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