Durant plus d’une heure Krsitien de Proost va nous parler d’elle sans cesser de courir sur un tapis roulant. Par sa franchise généreuse teintée d’autodérision joyeuse va jaillir quelque chose qui parle de nous.
Dans une salle de musée désuète figée dans les années 70, un tapis de course, une jeune femme, complet veston et cravate court. Elle est l’oeuvre maîtresse du musée entre les vitrines et les fausses plantes vertes.
Kristien nous attend pour la visite. Et c’est en courant qu’elle se lance dans une description détaillée de sa vie ou du moins de cette modalité de la vie qui concerne notre corps lorsqu’il encombre, transpire, pète, boit ou mange, lorsque ses poils ou ses ongles poussent… Lorsqu’il a besoin de sexe aussi. De cette petite musique mentale que nous connaissons tous, Kristien de Proost a réussi à construire une oeuvre par le truchement d’une performance étonnante et d’une bonhomie attachante.
Le public s’identifie à elle et n’hésite pas à applaudir durant le spectacle. La comédienne démarre en costume et cravate, assez androgyne pour que chacun s’y retrouve. Elle interpelle des spectateurs au hasard dans la salle, tout en continuant à courir. Elle ne fait pas acte de narcissisme. Tout cela nous aide à une bienveillante identification. La communion avec le public est radicale; c’est là le talent et le génie de l’actrice. De cette communion grosse d’empathie autour de l’intime du personnage va émerger une confrontation pour chacun de nous à ce qui fait le plus petit dénominateur commun de nos vies.
Nous pourrions penser à du Perec cependant que le propos s’il se projette dans le passé et s’il s’intéresse aux petites choses de la vie refuse l’élaboration et saisit le présent et les faux semblants. Le spectacle est plutôt une géniale distraction pornographique au titre qu’il nous fait voir tout, et le fade et le futile de nos corps pris dans une chose qui nous échappe mais qui, le final du spectacle le rappellera, ne sait pas s’arrêter.
Le public sort joyeux de la pièce et sera invité à monter sur scène pour visiter le musée de l’artiste.
Spectacle donné à L’Avant-Seine à Colombes le 28 mars en date unique.
Texte Kristien De Proost
Avec Kristien De Proost et Mark De Proost
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