Pour Marie Tudor, Victor Hugo se transforme en Shakespeare pour raconter l’histoire d’un amour mis en échec par la raison de état. Le drame romantique en trois actes de l’académicien oblige à un respect du texte. Pascal Faber parvient à ce respect cependant qu’il a su réactualiser le texte au Théâtre Rive Gauche et propose une version rythmée et passionnante, forte de déjà plus de trente cinq mille spectateurs.
Dans un décor minimaliste, les personnages se glissent entre les drapés sombres qui tombent des cintres. L’atmosphère est au complot. Il s’agit de se débarrasser de la Reine d’Angleterre, Marie Tudor et de son encombrant amant, Fabiano Fabiani (mystérieux et fin Frédéric Jeannot). Pour cela, les conjurés seront prêts à sacrifier la vie d’un homme, un ouvrier ciseleur. Ils révèlent à la reine la romance du beau Fabiano Fabiani avec la jolie Jane, fille adoptive du ciseleur que l’artisan s’apprête à épouser. L’intrigue s’accéléra sous les exploits de Simon Renard (épatant Pascal Faber) le chef d’orchestre de l’insurrection. Au dernier acte la reine rencontrera Jane, sa rivale et la chargera de faire évader Fabiani, mais la jeune fille désobéira à sa reine et libérera son véritable amour l’ouvrier ciseleur. Désespérée la reine tentera de substituer son favori à l’ouvrier, tandis que le peuple réclame la mort de Fabiano. La pièce se termine sur une dernière pliure de l’intrigue qui viendra redire l’ordre du monde.
Séverine Cojannot est une magnifique reine dévorée par une passion irrationnelle, à la limite et de l’hystérie et de l’effondrement, Joëlle Lüthi est plus vraie que nature ; elle incarne toute en naïveté et en spontanéité celle qui saura se confronter à la reine, et qui apprendra par amour à être une malicieuse intrigante. Pierre Azéma incarne admirablement l’ouvrier, cet homme du peuple bourru doublé d’un amoureux sensible. Pascal Faber, Pascal Guignard et Frédéric Jeannot défendent leur personnage avec le même talent.
De facture classique, la représentation parce que les comédiens vibrent sans en montrer rien d’un texte qu’ils connaissent bien nous saisit et nous emmène le long d’une traversée des mots de Victor Hugo où les passions amoureuses ne lâchent rien devant les intrigues noires de palais. La pièce est affinée, elle constitue une belle proposition de théâtre.
Marie Tudor de Victor Hugo
Théâtre Rive-Gauche
6, rue de la Gaîté, 75014 Paris
jusqu’au 11 décembre 2017
les lundis à 20h
durée 1h30
Mis en scène de Pascal Faber
avec Pierre Azéma, Séverine Cojannot, Pascal Faber, Pascal Guignard, Frédéric Jeannot, Joëlle Lüthi
Crédit Photos David Kruguer