Daniel Keyes (1927-2014), écrivain et scénariste Juif américain, est surtout connu pour ce roman Des Fleurs pour Algernon, publié en 1959. L’histoire est un drame.
Vertu de la science-fiction
Expert en science-fiction, l’auteur parvient à mêler habilement des éléments scientifiques à une réflexion psychologique et éthique. Algernon, une souris de laboratoire ayant subi une opération pour augmenter son intelligence, incarne cette réflexion. L’histoire est une série de chroniques par Charlie Gordon, un apprenti boulanger atteint d’un handicap mental, qui se prépare lui aussi à subir la même opération. Par le biais de son auto-narration, décrivant son évolution et ses émotions, nous explorons non seulement la question si floue de l’intelligence, mais aussi la sensibilité au monde, la solitude, l’identité et la place de chacun dans l’humanité. Une méditation saisissante sur la nature humaine et sur les limites du progrès scientifique face à la vie elle-même.
It don’t mean a thing
Il n’était pas évident de transposer sur scène à la fois l’utopie scientifique, le dilemme éthique et le parcours philosophique que Daniel Keyes nous invite à explorer. William Mesguich a choisi un décor épuré, avec Charlie Gordon assis sur une chaise, tandis que derrière un voile, deux musiciens (Amélie STILLITANO au piano, Raphaël SIMON aux percussions) créent une ambiance sonore discrète. Ils nous accompagnent dans une pente entre sons erratiques et mélodie, illustrant la petite musique intérieure du héros. On pense à Henri Meschonnic, pour qui la pensée se vit dans le rythme. On pense à Duke Ellington : It Don’t Mean a Thing If It Ain’t Got That Swing.
If It Ain’t Got That Swing, l’art de William Mesguich
Il a fallu toute la force et le talent de William Mesguich pour faire vibrer en nous la rencontre avec Charlie : cet idiot destiné à devenir intelligent, porteur de questions et de vertiges. Celui-ci nous met mal à l’aise, mais celui-la, formidable comédien accordant le rythme, jonglant avec sa voix, attrape notre attention, dès la première seconde.
Personne ne peut échapper à ce que réclame Charlie, ce qu’on peut désigner humanité, une humanité à la fois source et empire d’incertitudes.
« Des Fleurs pour Algernon », monodrame pour un comédien et deux musiciens. d’après le roman de Daniel KEYES. Traduction | Henry-Luc PLANCHAT. Musique | Jean-Christophe MARTI. Production | PROD-S S.A.R.L.Diffusion | Stéphanie Gesnel.Conception | Amélie STILLITANO & Raphaël SIMON. Mise en scène | William MESGUICH. Comédien | William MESGUICH. Piano | Amélie STILLITANO. Percussions | Raphaël SIMON. Costumes | François TAMARIN. Régisseur | Baptiste BOUTIN. vu le 11 juillet 2025 au Roi René. Visuel Affiche

