La pièce sur l’iconique première ministre israëlienne met en avant son parcours qui à lui seul, révèle toute l’histoire du peuple juif.
Dès les premières minutes, Appelez-Moi Golda impose une atmosphère dense, recueillie, presque ritualisée. Le texte de Michel Lengliney fait le pari de rendre intelligible non seulement le parcours politique de Golda Meir, mais l’humain derrière l’icône : les doutes, les sacrifices, les douleurs. Le metteur en scène Steve Suissa orchestre cette plongée avec finesse : sobriété des moyens, exigence du rythme, et volonté de nous faire entendre ce qui se joue dans le silence de l’immense charge morale et historique de la femme politique.
C’est incontestablement Valérie Zarouck qui fait de la pièce un moment poignant. Elle ne se contente pas de jouer Golda : elle la fait vibrer. Sa voix, tour à tour ferme et tremblante, porte les contradictions de la femme d’État. Elle incarne aussi la fatigue du pouvoir, la persévérance dans l’adversité, les blessures intimes toujours à fleur de peau. Tout dans son jeu est aligné, calibré pour toucher, pour émouvoir, pour rendre crédible ce que l’Histoire, souvent, transforme en fable froide.
La mise en scène de Steve Suissa, sobre et maîtrisée, donne à cette incarnation toute sa résonance. Habitué aux grandes figures et fort d’une carrière riche, du cinéma (L’Envol) aux scènes parisiennes (La Trahison d’Einstein, Ich bin Charlotte), Suissa fait ici le choix de l’épure. Le décor minimaliste se conjugue à un habillage musical discret et efficace. Nous percevons la gravité de l’Histoire ; Zarouck nous offre une profondeur émotionnelle supplémentaire.
C’est par une économie de moyens qui se retirent devant la virtuosité de la comédienne qui permet à l’essentiel d’émerger. Appelez-moi Golda bouleverse parce qu’il ne cherche jamais l’effet spectaculaire, mais laisse place à la mémoire, à la parole et à la chair.
Vu le 15 Septembre à l’espace Rachi, visuel Et affiche.

