Ça commence par une polyphonie loufoque et incompréhensible clamée en français et en allemand.
Ça finit par un démontage consciencieux de l’ensemble du décor par les comédiens. Une partie de ce décor sera grignoté
Entre ce prologue et cet épilogue deux familles caricaturales et cocasses, une française l’autre allemande s’unissent dans un mariage improbable. Entre les deux circule la comédie de la vie avec ses convenances, ses certitudes, ses faux semblants, ses lâchetés et la recherche incessante d’un romantisme de mauvaise foi.
Les émotions sont escamotées, car proscrites socialement, alors les corps se tordent, se blessent, se rebellent aux objets; on ronfle brillamment, on pète aussi, les nez se prennent à saigner subitement. Et le décalage entre le discours et les corps qui luttent pour leur survie arrachent au public, jeunes et adultes, des éclats de rires, ceux d’un enfant devant la mascarade du clown, ceux d’un adulte devant la mascarade de la féminité, de la virilité. Nous sommes aussi devant la mascarade du notable; on imagine le médecin malgré lui français qui donne sa fille à marier au bourgeois gentilhomme allemand.
Au milieu de ce non sens, nous repérons le désespoir qui érige le groupe, qui sert d’objet de partage. Mon voisin, homme de cinéma célèbre, me faisait remarquer que le texte est co-signé de Labiche, de Marthaler et de la troupe, témoignage du partage aussi de l’écriture. Car que sommes nous, si nous sommes seul.
Au delà des Insights et autres morales de cette histoire, la troupe (on pense à feu la troupe de Jérome Deschamps au rond point) nous donne ce cadeau de vivre un moment unique de spectacle vivant où jamais le spectateur est abusé ou manipulé, où les comédiens défendent des propositions exigeantes, où le rire est toujours sincère et clair car nous rions de nous même.
This was great to rread