En 1886, (c’est aussi l’année de l’inauguration de la salle du Théâtre Montparnasse) Tailleur pour dames est le premier succès d’un jeune auteur, Georges Feydeau, encore sous la protection tutélaire de Labiche. Rien n’est figé dans ce vaudeville où la langue est sans cesse mastiquée entre signifiant et signifié. Le quiproquo toujours en embuscade. L’adaptation de feu Jean Poiret assure un rythme envolé où les acteurs défendent leur proposition, où on aime les acteurs. Le décor est épuré. Mais les portes sont là. Et les portes qui s’ouvrent et se ferment participent à nous faire sentir cette tension qui traverse les personnages et ce tropisme grégaire qui les obligent sans cesse à venir palabrer, discuter, s’houspiller. Les personnages s’épuisent à surgir, à se dissimuler ou à s’évanouir en un clin d’œil. Feydeau n’épargne personne. Maris, épouses et belle-mère, médecins et malades, maîtres et valets, tous en prennent pour leur grade. Entre romances et fiel, entre séductions et misogynies, entre fourberie et candeur, on rit sans arrêt. La troupe est géniale, un bravo appuyé au couple José Paul – Sébastien Castro, à la prestation dynamique de Philippe Uchan, et à l’engagement physique de Veronique Barrault.
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