Frida Kahlo est une artiste Mexicaine, née en 1907, et décédée en 1954. Tout en ayant souffert sa vie durant d’innombrables opérations à la suite d’un accident dont elle est sortie miraculée à dix-huit ans, elle a construit une œuvre. Femme politisée, engagée, femme artiste, et épouse du peintre Diego Rivera, elle a d’abord vécu à l’ombre du peintre adulé en son temps. La reconnaissance de son œuvre et son immense retentissement ne sont venus que progressivement, et sa légende n’a cessé de croître bien après sa mort. Révolutionnaire d’un point de vue politique, mais surtout artistique, elle fut adoubée « surréaliste » par André Breton. Son œuvre a cultivé l’autoportrait. Il s’agissait d’exploration, d’introspection philosophique et métaphysique qui mêlait toujours les sens et le corps. Une question de survie, dans un contexte intime de dissociation.
Frida Kahlo, petit cerf n’est pas une pièce historique ou biographique. Elle n’est pas non plus un montage de textes écrits de la plume de Frida, ou de témoignages : il s’agit d’une divagation. Le texte de May Bouhada est somptueux. Poétique il saisit. Il nous donne à voir une femme se défendant par sa création de sa folie, tout en y concédant parfois.
Frida à la fin de sa vie, soufre de son dos usé, elle réclame sa dernière seringue du dernier shoot de morphine, Lasse, sa décision est prise. Elle trouve en face d’elle, bataillant contre sa décision une biche, la Frida des autoportraits, la biche transpercée de flèches. Cette Frida fictive, son alter ego figure sa vérité. Elle le crie même. Sa peinture est sa vérité, elle est son combat pour elle et pour ses idées, pour Diego son amant et pour ses amis. Et la Frida de peinture ne veut pas voir sa créatrice mourir, elle a peur de se retrouver seule devant son public , autant que la Frida réelle s’inquiétait et s’inquiète encore du regard des autres.
Le spectacle est un face à face entre l’artiste et sa créature de vérité. C’est une fête hallucinatoire et magique d’autoscopie, une marche funèbre des émotions qui s’emportent une dernière fois pour aller s’éteindre bientôt. Et les mots viennent accompagner la mort qui est en chemin. Le magnifique texte grave et assuré répare un jeu des acteurs parfois trop appuyé. La mise en scène est belle et habile. Une scène avec projecteur reste un moment rare.
Devant la mort, Frida, la vivante l’avoue, elle est attirée, on entend aussi : à tirer (i.e. par des flèches). Nous aussi sommes saisis et cloués à notre siège. Le texte opère.
Auteur : May Bouhada
Artistes : May Bouhada, Frédérique Michel
Metteur en scène : Mylène Bonnet
Création du 22 Septembre au 17 octobre 2015
Théâtre de La Boutonnière 25, rue Popincourt 75011 Paris
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