Jean Philippe Bêche souhaitait revenir avec Le Roi Arthur sur l’origine du mythe. Dans une construction fine et rigoureuse créée à l’Epée de Bois et défendue par des comédiens engagés il réussit à retrouver le mythe et sa fantaisie.
Chacun sait que par manque de réels actes de bravoure, la légende des Chevaliers de la table Ronde et du Roi Arthur a dû inventer des récits de querelles intestines et de transgressions incestueuses, des fake news croustillantes en vue de buzz, écrierions nous aujourd’hui. Jean Philippe Bêche reprend ce biais de lubricité adolescente qui érotise chaque échange entre les protagonistes et fait émerger en une réactualisation historique ce qui captive la génération de Games of Thrones.
Cette mise sous tension de l’intrigue ne concède rien au mythe en s’y combinant dans une demi-teinte irréelle. La magnifique trouvaille de Jean Philippe Bêche consiste en son parti pris d’un enchanteur Merlin à la fois personnage central et narrateur. Comme dans le théâtre grec, Merlin, admirablement interprété par un Jérôme Keen tout à la fois incarné et vaporeux, devient le cœur récitant sauf qu’il est aussi -cette trouvaille tient l’édifice- un narrateur performatif. Sa parole modifie les actes à venir. Il est le champ et le hors champ, l’histoire et son texte.
La pièce démarre sur une musique médiévale inquiétante. L’enchanteur Merlin s’assoit devant son bâton magique, des portes craquent au milieu d’une musique occulte. Merlin se peint aux doigts sur le front trois traces de peinture rouge et démarre des incantations en faisant léviter son bâton. La pièce va continuer découpée en tableaux de comics fantasy. L’ensemble est filmique grâce à la superbe lumière de Lugo Oudin, à la musique originale de Daniel Scotto exécutée à la batterie sur scène par Aidje Tafial, ou aux combats à l’épée mis en scène par le maître d’armes François Rostain. Tout nous replonge dans nos lectures d’enfant.
Jean-Philippe Bêche est Arthur le roi doublement trahi, Marie-Helene Viau incarne avec brio Morgane qui instruite -manipulée?- par Merlin, conçoit un enfant incestueux tandis que Marianne Giraud-Martinez est une magnifique reine mère abusée. Morgane Cabot et Lucas Gonzalez respectivement la reine Guenièvre et Lancelot donnent à voir avec brio l’amour qui circule au sein du jeune couple.
Ainsi, dans la jolie grande salle en pierre de l’épée de bois, nos imaginaires sont excités pour 1H15 sans langueur par une très belle pièce de chair, de sang et d’amour.
Le roi Arthur au Theatre de l’Epée de bois
de Jean-Philippe Bêche
credits photos : Cedric Vasnier
Bonjour,
je vois que mon nom est cité dans cet article alors que la musique composée pour ce spectacle, qui a demandé 14 mois de travail et autant d’enregistrement et d’investissements financiers a été écartée dès le mois de mars 2018 pour « nouveau choix artistique ». Le cahier des charges établi par Mr Beche avait été respecté et validé. Mais parfois dans ce métier certaines personnes ne se sentent pas tenues de respecter leurs obligations et leurs engagements. Voici en lien la musique du Roi Arthur qui n’illustrera jamais ce spectacle
Bien à vous
Daniel Scotto
Producteur Sociétaire définitif SACEM