« Maelstöm », la douce et brillante rage de Marie Vauzelle

Vue en représentation presse au Théâtre des Bernardins, la pièce annulée  à cause de la Covid, mérite d’être applaudie. Elle est une œuvre du présent en cela qu’elle appartient à une génération qui rince enfin les taches laissées par les anciennes  rigidités et paresses.  

Née sourde, Véra, 14 ans, est éconduite par son amoureux, car on ne sort pas avec une handicapée. A partir de cet épisode traumatique, la pièce sous la plume affutée de Fabrice Melquiot, chemine au plus près et au plus profond de la pensée de l’ado et nous voila qui interrogeons avec elle la question d’une singularité qui refuse le chaud refuge d’une facile victimisation.  

Le texte ausculte avec poésie l’adolescence d’aujourd’hui. Au coin d’une rue, au cœur d’une grande ville indifférente, la jeune fille laisse éclater sa tristesse, sa colère et son désir de vivre. Projections vidéo, jeux de lumière et dispositif sonore plongent les spectateurs dans une expérience sensorielle. Ils voyagent dans un espace mental, entre réalité, souvenirs et imaginaire. Cette scénographie réussie et contributive héberge une parole fulgurante où se dit les tourments et les espoirs.

Louise Acangioli qui a travaillé avec Angelica Lidll (¿QUÉ HARÉ YO CON ESTA ESPADA?) restitue l’énergie de la plainte et la savante gestion des débordements de celle qui veut rendre compte. Le spectacle est poignant, magnétique.  L’écriture de Fabrice Melquiot est, au diapason du jeu de la comédienne, puissante, sans fioritures et portée par une rage de vivre. Sans abandonner la poésie et pour être inclassable à mon tour.

La pièce nous laisse optimistes sur le destin de Véra et sur le talent de la jeune génération du théâtre.

 

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