Apres une adaptation explosive de La Noce de Bertold Brecht, Olivier Mellor nous revient avec un Brittanicus façon Netflix mise en musique avec des inserts videos.
En 2020, Olivier Mellor proposait La Noce de Bertold Brecht dans une mise en scène inventive, complètement décalée ou le public était accueilli par une ambiance jazzy. Avec Britannicus, Olivier Mellor reprend son geste appuyé mais subtil entre musique rock’n’roll, vidéos ou projections psychédéliques.
Néron j’ai deux mots à te dire

On connait l’intrigue. Néron vient d’enlever Junie. Agrippine s’y oppose et trépigne de visiter son fils pour le dissuader et pour qu’il rende des comptes. Néron, par l’intermédiaire de son gouverneur Burrhus refuse l’entrevue. Il menace Junie et la contraint de feindre l’indifférence afin de rompre avec Britannicus son aimé et promis. Agrippine parviendra à obtenir l’entrevue. Elle blâme son fils qu’elle quitte convaincue à tort qu’il a renoncé à son amour pour Junie. Alors que Junie parvient à avouer la supercherie à Britannicus, Néron découvert et furieux fomente l’empoisonnement de Brittanicus, son adversaire et demi-frère. C’est le coup de théâtre, l’acmé du drame : A Agrippine tout à sa joie de sa victoire sur Néron, Burrhus annonce la mort de Britannicus, le lynchage du cruel Narcisse par la foule, et la fuite de Junie chez les vestales où le mariage est interdit. L’intrigue de Racine chemine ainsi dense. Au coté de Néron, le suspense se joue par les mouvements pendulaires entre Burrhus, fidèle conseiller qui s’oppose à son maitre, et Narcisse, le traitre à Britannicus, qui épouse les desseins de Néron et qui milite en faveur de l’assassinat.
Génération Netflix

Dans un dispositif tri frontal tout commence au son de la guitare électrique accompagnée d’un violon. Un générique est projeté sur deux écrans à cour et à jardin. Le plateau est épuré ; deux cylindres sous deux spots esthétisent le tableau ; au bord de scène une verrière rappelle que les sous-bassement et les caveaux de l’empire. L’ambiance renvoie à la série Games of Thrones. Sur les écrans viennent ensuite des vidéos macroscopiques de la nature. Chaque entrée d’un protagoniste du drame est signé par une note au violon, basse et contrebasse. Burrhus est dynamique, tout feu tout flamme. Agrippine est une reine mère à la forte présence, colérique, désespérée mais volontaire. Brittanicus, la future victime est un petit oiseau tombé du nid, Junie, une collégienne peureuse et naïve tandis que Néron est un jeune loup gymnase. Les costumes adoptent l’univers gothic. L’intrigue se transforme en une tragédie romantique pour ados.
L’ensemble est réussi ; le rajeunissement du contexte de l’intrigue et la création son et lumière fabrique un spectacle. Les mots de Racine sont là, toujours percutants et magnifiques. La troupe et les musiciens accompagnent avec brio le show. Et puis il y a Marie Laure Biggio qui est une lumineuse Agrippine ; aussi Rémi Pous qui invente un Narcisse inoubliable.
Du beau spectacle.
Britannicus de Jean Racine
Mise en scène Olivier Mellor
Avec Marie-Laure Boggio, Caroline Corme, Vincent do Cruzeiro, Marie-Laure Desbordes, Hugues Delamarlière, Rémi Pous, Stephen Szekely et François Decayeux, Olivier Mellor.
Musiciens Séverin “Toskano” Jeanniard, Thomas Carpentier, Romain Dubuis, Adrien Noble.
Scénographie François Decayeux, Séverin Jeanniard, Olivier Mellor, avec le concours du collectif La Courte Echelle
Durée : 2h25 avec entracte
Jusqu’au 29 mai 2022
Du jeudi au samedi à 21h
Le dimanche à 16h30
visuel Affiche
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