Le débat a eu lieu après une représentation applaudie par une salle comble et comblée.
Amok ou une tragédie du désir, ou comment un homme et une femme, jouée par un homme seul, nous renvoie a ce malentendu inaugural présidant a cet impossible du rapport homme / femme. Culpabilité constitutive de sa personnalité, l’Amok, car c est ainsi qu il se reconnaît, ainsi qu il se définit, notre protagoniste s enlise dans une profonde solitude ou plus aucune parole signifiante n a court. Comment signifier le trouble devant la femme sublime, impérieusement désirée car démunie et arrogante?
Elle est la femme idéale à rejoindre, a conjoindre, dans la mort plus que dans la vie encore, faute de n avoir eu les outils langagiers pour la rencontrer. (F.Ankaoua)
Lorsqu’en 22 Sweig écrit Amok, il correspond déjà depuis plus de dix ans avec Freud. Par cette correspondance et ses lectures de Freud il est initié à la psychanalyse sans toutefois avoir fait une cure. Il écrira en 34 la biographie de Freud, “La Guérison par L’esprit”. Quand on lit la correspondance Freud-Sweig on est surpris du profond respect et de l’admiration de Sweig pour Freud. Il y a certainement un transfert massif chez Sweig pour Freud et à l’étonnante qualité littéraire de Freud fait face un Sweig qui devant son mentor oublie un peu de son art, tellement que l’on ne sait plus qui est l’écrivain des deux.
Trois éléments de la nouvelle Amok rappellent le freudisme et l’admiration de Sweig pour la psychanalyse.
1-Amok n’est pas une histoire racontée par un auteur, n’est pas une histoire d’un homme qui se raconte, le personnage se raconte à un voyageur. Un voyageur qui se tait et écoute. Comme dans une séance. La force d’Alexis Moncorgé est de se conformer à cette idée pour nous saisir dés le début de la pièce. Il nous interpelle car il a besoin de raconter son histoire puis à la fin il nous remercie de l’avoir écouter. Le public devient le confident. Cela fonctionne comme une séance, on ne met pas en cause la véracité de son propos. L’amok que vit le héros est très différent de ce qu’en décrivent les ethno-psy, il y manque l’opium, les meurtres en série. C’est son amok à lui, sa façon de nommer sa passion amoureuse féroce et suicidaire.
2-L’amok n’est pas de la sorcellerie. Sweig décrit un symptôme (hystérique?). Le personnage n’a pas besoin d’un exorcisme mais d’une cure. A ce titre nous nous sommes interrogés sur ce qui s’active chez le personnage. Alexis Moncorgé confie : il voit son personnage comme un homme attiré par le masochisme dans ses relations amoureuses et aussi comme un homme toujours en retard sur les choses et les faits. Les choses ont déjà eu lieue dans sa vie. Alexis nous parle de son gout pour le romantisme et pour A Rebours d’Huysmans avec son anti héros décadent. A partir de ces lectures, il a élaboré et poussé sa proposition du personnage créé par Sweig.
3-La compulsion de répétition est le troisième apport de Freud. Le personnage d’Amok connait une première aventure où se joue déjà sa mécanique mentale. Nous ne savions pas s’il avait “connu” la première dame ou seulement fréquentée. Catherine Derain, la metteur en scène a lu Sweig en allemand!. Elle est formelle, la traduction a émoussé le scabreux et le personnage couche avec sa première patient, puis avec les prostituées puis avec les indigènes des colonies.
Nous avons abordé aussi ce qui soutient le médecin, son besoin et son serment de soigner. Et comment d’y avoir failli l’entraîne vers le suicide, un suicide d’honneur recouvrant un suicide mélancolique ?