Une cour d’asile, deux femmes, un homme, un petit jerrican troué; une des femmes commence à parler une langue qui n’existe pas: le Shaga. Et lentement tout va prendre sens ou le perdre. C’est Duras. C’est aux Barriques à 11H15 et c’est un coup de cœur.
Cette oeuvre durassienne est une pièce qui travaille le langage. Aucun autre décor qu’un jerrican troué. Trois personnages et rien d’autre. On imagine une cour d’asile, un endroit improbable. Duras nous emmène sur la mer du langage lorsque les mots ne veulent plus rien dire, que les êtres miment de se comprendre, tentent de s’influencer leur non-dialogue traversant le présent sans issu, le passé qui se dissout et le futur impossible mais encore lieu de tous les espoirs. Chacun fabule. Et si on finit par deviner les raisons de leur internement, l’absurde l’emporte toujours et chaque lieu commun, chaque poncif, chaque truisme est saccagé.
Lorsqu’on s’attaque au langage lui même on est dans la subversion. Le Shaga est une pièce insurrection menée tambour battant par trois comédiens fabuleux.
Catherine Giron, Antoine Sastre et Hervine De Boodt semblent prendre beaucoup de plaisir à cette rébellion. Et avec talent nous la font partager.
Interprète(s) : Catherine Giron, Antoine Sastre, Hervine De Boodt
Metteuse en scène : Hervine De Boodt
Création lumière : Sylvain Bitor