MÂROUF SAVETIER DU CAIRE à l’OPERA COMIQUE

Jérôme Deschamps met en scène salle Favart une turquerie du début du siècle dernier d’Henri RabaudMârouf, savetier du Caire. Il y offre son art connu  de l’image et du rythme.

 

Un authentique Opéra mais comique.

L’histoire est un conte aux couleurs orientales. Victime d’un naufrage alors que par felouque sur le Nil il fuyait une épouse calamiteuse, un modeste savetier retrouve son ami d’enfance; les deux compères vont échafauder un bluff afin que Mârouf assure sa fortune en se mariant avec la fille du Sultan local. Comme l’histoire est un conte, il réussira son coup et bien sûr tombera amoureux de la princesse. C’est une histoire d’amour. Les personnages et les situations pittoresques se succèdent , ponctués de chorégraphies collectives. Jérôme Deschamps sait mettre en scène aussi bien l’un que l’autre. L’intrigue chemine entre coups de théâtre et coups du sort. C’est un authentique opéra, car très peu de phrases sont déclamées. Rompant avec l’habitude de l’Opéra Comique, le livret est quasiment entièrement chanté. On applaudit la prestation de Vannina Santoni, magnifique Princesse à la présence lumineuse et au timbre de voix clair. On applaudit la merveilleuse performance du virtuose Jean Sébastien Bou, dans le rôle-titre; il ajoute à son talent de baryton un talent de comédien à la force comique.  Marc Minkowsi dirige l’orchestre en rendant hommage à la très belle musique précieuse et puissance de Henri Rabaud qui fait honneur à la création française.

Un plaisir d’enfant.

Le livret de Lucien Népoty date car les motifs signent l’époque de la France Coloniale, une époque où l’arabe était vu comme un fataliste oppressé en appelant sans cesse à son dieu, une tête de turc à la fois arriéré mais fourbe. A l’époque de sa création, et même si l’orient y est décrit comme un lieu joyeux et folklorique, les poncifs sont présents; et appuyés afin de trouver l’adhésion du public. Jérôme Deschamps reprend sa très inventive mise en scène de 2013. Par une forte convocation à nos imaginaires infantiles;  il gomme les clichés racistes en les diluant dans des motifs analogiques d’un conte pour enfant. Nous feuilletons les pages d’un livre de chevet pour enfants et chaque page, chaque tableau est un  ravissement qui nous enfonce dans un univers exclusivement fabriqué par nos imaginaires. La proposition n’est pas anachronique, elle est hors temps. La bigamie de Mârouf par exemple n’est plus un objet religieux mais un motif anodin de scénario. L’orient n’est qu’un prétexte à notre rêverie. Les costumes finissent de construire ce songe musical. Les images et la musique s’inscrivent pour longtemps dans nos tètes tombées trois heures (avec entracte) dans l’enfance.

Direction musicale Marc Minkowski
Mise en scène Jérôme Deschamps
Décors Olivia Fercioni
Costumes Vanessa Sannino
Lumières Marie-Christine Soma
Chorégraphie Peeping Tom (Franck Chartier)
Assistant à la direction musicale Marc Leroy-Catalayud
Assistants à la mise en scène Damien Levèfre, Sophie Bricaire
Assistant à la chorégraphie Louis-Clément Da Costa

Mârouf Jean-Sébastien Bou

La Princesse Saamcheddine Vannina Santoni

Le Sultan Jean Teitgen

Le Vizir Franck Leguérinel

Ali Lionel Peintre

Fattoumah Aurélia Legay

Le Fellah, Premier Marchand Valerio Contaldo

Ahmad Luc Bertin-Hugault

Le Chef des marins, un Ânier, Premier Muezzin, Premier Homme de police Yu Shao

Second marchand, Premier memlouk Simon Solas

Le Kâdi, Chiek al islam David Ortega

Second muezzin Jérémy Duffau

Second mamelouk, Second homme de police Sydney Fierro

Second marchand/Premier mamelouk Simon Solas*

Le Kâdi/Chiek al islam David Ortega*

Danseurs Julie Amesz, Hélène Beilvaire, Mélissa Blanc, Cécile Caro, Maya Kawatake, Marlène Rabinel, Casia Vengoechea, Candide Sauvaux, Thomas Michaux, Louis-Clément Da Costa

Laisser un commentaire