La Scala nouvelle lance sa programmation théâtre avec Yasmina Reza

La Scala, nouveau lieu branché du Paris bourgeois-bohème accueille au 13 Bd de Strasbourg en une exaltante reprise mise en scène par Frédéric Bélier-GarciaDans la luge d’Arthur Schopenhauer de Yasmina Reza. Verbeux jusqu’au naufrage et drôle car c’est de nous qu’il s’agit. On est bien!

La Scala fut construite en 1875 comme un théâtre à l’italienne et fut le lieu du music-hall français. Avant-guerre, le théâtre devint une salle de cinéma. Dans son style Art déco, l’endroit unique accueillait les soirées d’avant-premières. Dans les années Giscard, le public fuyait le boulevard de Strasbourg devenu infréquentable et le lieu se transforma en cinéma porno; et son exploitation dura jusqu’à l’arrivée de Canal Plus sur ce marché. Vint une première fermeture. La Mairie de Paris s’opposa au rachat de la salle par l’Église universelle du royaume de Dieu, sans y parvenir, mais réussit à juguler sa croissance. Après une deuxième fermeture, la Scala demeura un hangar vide. Cette année par la volonté et le dynamisme de Mélanie et Frederic Biessy, et suite à de longs travaux la Scala illumine de nouveau l’avenue et propose de découvrir une salle de 550 places, un restaurant; ceci dans une atmosphère à la fois intimiste et cosy, contemporain et intemporel.

Dans la luge d’Arthur Schopenhauer de Yasmina Reza, inaugure la programmation théâtrale de grande salle. La salle est splendide, haute cathédrale sombre et accueillante. Le spectacle est une reprise de la pièce créée en 2006.  Avec la même distribution sauf Jérôme Deschamps qui remplace Maurice Bénichou. Dix ans après sa création, le spectacle mis en scène par Frédéric Bélier-Garcia garde sa fraîcheur et sa modernité.

Le dispositif en tri frontal rapproche le public du lieu de l’intrigue.  Entre l’orée d’une forêt et une plaque d’égout, bornant les deux ouvertures vers un hors champ qui figure le monde entier, les personnages abandonnés à ce bout d’univers viennent témoigner de leur vie dans un espace vide sauf quelques sièges, la pièce est une suite de monologues, avec à chaque fois la parole nerveuse revendicatrice dépitée, parfois désemparée d’un des quatre personnages. Deux couples se confrontent au beau milieu des visions antagonistes et paradoxales de l’humanité selon Spinoza ou Schopenhauer, alternant optimisme et pessimisme.

Le texte ne fut pas écrit pour le théâtre. Il n’a pas la force dramatique de Art, ni son autorité. La mise en scène quasi invisible donne à l’ensemble un aspect de prononcé plus que de théâtre. Nous aurions pu préférer une lecture du roman au coin du feu sauf que les comédiens sont merveilleux. Et que Yasmina Reza est surprenante à s’incarner dans son propre texte.

La pièce très littéraire et drolatique constitue un joli prétexte pour découvrir la Scala nouvelle.

Dans la luge d’Arthur Schopenhauer texte et jeu Yasmina Reza, mise en scène Frédéric Bélier-Garcia, avec Jérôme Deschamps, André Marcon et Christèle Tual. Jusqu’au 24 novembre, La Scala, Paris XXe

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