Un Tramway Nommé Désir envoûtant au Théâtre la Scène Parisienne

Manuel Olinger monte l’adaptation de Pierre Laville du roman de Tennessee Williams. Le décor, la scénographie et la musique créent un écrin aux service de comédiens fantastiques. Olinger est un magnifique Kowalski et Julie Delaurenti est une Blanche Dubois impressionnante.

Nous connaissons tous l’histoire grâce à Vivian Leigh et Marlon Brando dans le film de Elia Kazan (1951). Elle est celle de la dernière étape d’un effondrement psychique, la fuite en avant funeste d’une femme perdue. Après une longue séparation et à bout de force, Blanche Dubois saute dans le tramway nommé « Désir », pour fuir les fantômes de son passé; elle vient rejoindre sa sœur, Stella, à La Nouvelle-Orléans. Celle-ci vit .dans le vieux quartier français avec son mari, Stanley, ouvrier d’origine polonaise qui supportera mal de voir son quotidien déstabilisé. Chacun cherche sa place et son désir, chacun devra faire avec son désir et le désir de l’autre. La pièce, adaptation du roman et non du film, est une tranche de vies amères. Elle tient la chronique bouleversante d’une descente aux enfers. 

La mise en scène de Manuel Olinger souffre d’une création lumière approximative. Le décor consiste en un empilement de motifs. Le parti pris d’utiliser la travée avant scène questionne. Néanmoins ces choix de mise en scène s’évacuent tant le jeu des acteurs est brillantissime. Manuel Olinger est un admirable Marlon Brando/Kowalski, moins féminin, plus viril mais tout aussi talentueux. A contrario du film de 51, l’homme couchera avec Blanche. Murielle Huet des Aunay incarne admirablement une Stella attachante, brisée mais solide. Gilles Vincent Kapps (on se souvient de lui dans un génial Bovary musical) apporte avec lui, comme le saxophoniste Jean Pierre Olinger, son talent et son aisance musicale. Et puis il y a le personnage central de Blanche interprétée par Julie Delaurenti. La comédienne subjugue. Elle navigue par son talent entre Vivian Leigh, Gena Rowlands et Bette Devis. Elle parcourt chaque avatar de son personnage avec précision et finesse. La beauté de la pièce lui doit beaucoup. L’érotisme de son duo avec Olinger  finit de capitonner la trame galvanisante et dérangeante du film de Kazan. La pièce ajoute au film et constitue un plaisir certain de théâtre.

 

Du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 19h. Du 14 janvier au 12 avril 2020. Au Théâtre de la Scène Parisienne. 34 rue Richer. 75009 Paris. Durée : 125 minutes

Crédit Photos : (c) Guillaume Samama

Un commentaire Ajouter un commentaire

  1. HavaForEver dit :

    Merci pour ce conseil et cet article goûteux !
    Très alléchant tout cela !

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