L’Ombre de Staline, un très beau film sur les fakes news fabriquées par la presse écrite.

Agnieszka Holland, après avoir réalisé trois films sur l’Holocauste, et une série sur Jan Palach, cet l’étudiant tchèque qui s’est immolé par le feu en janvier 1969 pour protester contre l’intervention soviétique en Tchécoslovaquie d’août 1968, nous offre L’Ombre de Staline, un film d’aventure et policier qui s’inspire du roman d’une journaliste américaine d’origine ukrainienne, Andrea Chalupa, sur la grande famine en Ukraine de 1932-33. Et cette fois encore la réalisatrice nous est précieuse.

 

Une grande famine a eu lieu en Ukraine dans les années 1930, elle fut niée pendant des décennies par la propagande soviétique;  pourtant l’Holodomor, (le terme Holodomor désigne cette grande famine qui fit, selon les estimations des historiens, entre 2,6 et 5 millions de victimes. La fusion des mots holod et moryty indique le  caractère intentionnel de la part du régime stalinien) mérite selon certains historiens la qualification de génocide. Cette tragédie est traitée dans le film à travers le destin du journaliste gallois Gareth Jones, interprété par un James Norton épatant.

Gareth Jones, jeune journaliste gallois, après avoir obtenu une interview d’Hitler, cherche à  réaliser une interview de Staline ;  il ne comprend pas d’où vient l’opulence que l’on constate à Moscou et dont le régime ne cesse de se prévaloir avec orgueil. Son intuition le fera rencontrer Walter Duranty , journaliste américain du New York Times, gentleman vivant dans le Moscou cosmopolite et bourgeois, détenteur du Prix Pulitzer ;  il parviendra à  visiter l’Ukraine sous embargo et comprendra le secret de la richesse communiste : l’Ukraine se meurt,  pillée et affamée dans le plus grand secret.

Gareth Jones se voudrait lanceur d’alerte, lorsqu’il découvre que la presse occidentale installée à Moscou s’est entièrement infusée au sein des notables du régime à qui elle a fait allégeance afin de profiter des avantages de leur rang. Elle oeuvre ainsi à taire et à faire taire toutes les informations concernant la situation Ukrainienne. Le destin du jeune Jones sera aussi tragique que la situation. Le film parvient a nous saisir d’une émotion naturaliste garante d’une empathie contributive. Il sait aussi maitriser le spectaculaire par une photo et un cadre admirables. Sans jamais nous livrer à un pathos facile et au politiquement correct, Agnieszka Holland nous édifie.

Le film nous rappelle en premier lieu que, depuis 2014, l’Ukraine traverse des moments très difficiles , avec l’annexion de la Crimée par la Russie et la guerre dans l’Est du pays, que la situation ethnique d’aujourd’hui prend ses racines dans l’Holodomor, quand la région fut repeuplée par des travailleurs de toute l’URSS.

Le film aussi nous met en garde contre les fakes news fabriquées par les journalistes eux-mêmes. Il nous plonge dans notre réalité politique, notre actualité à ce titre décourageante, celle d’une France où, si l’on pourrait pardonner à Sartre ou Aragon de s’être trompés car victimes de ces fakes news justement, il nous reste encore un parti communiste français avec ses informations de propagande, son entrisme dans les syndicats ses complaisances avec la dictature cubaine et son organe de presse.

Agnieszka Holland, le martèle  : Les crimes du communisme ont été oubliés, et même été pardonnés. Les gens ont oublié l’ampleur du prix à payer pour l’idéologie communiste. Le film,  long périple sous la forme d’une descente aux enfers nous envoûte et nous édifie tout au long de deux heures d’un grand cinéma. 

 

 

L’ombre de Staline de Agnieszka Holland

Crédits Photos : CONDOR FILMS

Un commentaire Ajouter un commentaire

  1. Kaosiwr dit :

    Vous pouvez utiliser ce site https://fullfilmstream.org/ et regarder différents films gratuitement. À cet égard, je l’ai beaucoup aimé, alors n’hésitez pas à l’étudier

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