Une histoire d’Amour hors du commun qui bouleversera tous vos préjugés.
A la veille de l’enterrement de sa femme, Edouard évoque leur amour peu banal dont le récit s’achève sur un coup de théâtre qui donnera un sens à sa vie et interrogera la nôtre.
Traduit de l’anglais américain, Amour Amère mis en scène par Jean-Pierre Bouvier, constitue assurément un choc littéraire et théâtral à ne pas rater au Off d’Avignon.
Les anglo- saxons ont le sens de la tragédie.
Nous avions découvert l’auteur Neil LaBute avec la pièce Providence, une des premières réponses du théâtre aux attaques du 11 septembre. Les anglo-saxons, c’est une tradition mais aussi peut être une nécessite de ceux qui ne seraient pas protégés par une exception culturelle ou des fonds de solidarité, se doivent pour survivre de déployer une puissance créatrice, contraints à l’innovation sans oublier de plaire. Ils savent saisir dans les mêmes histoires l’actuel, le naturalisme et le merveilleux, l’ordinaire et l’exceptionnel. De Shakespeare à Labute, leurs histoires fabriquent une mythologie où tels des anges ou des demi-dieux chaque personnage se transforme dans une déréalisation calibrée en des figures conceptuelles de nos névroses ou nos angoisses, de nos rêves et fantasmes. Ces auteurs là parlent de nous.
La pièce Amour amère n’est pas en reste et si elle invente un mythe, ce mythe est magnifiquement construit sur scène par un Jean-Pierre Bouvier qui nous agrippe avec humour tandis qu’il ose marcher sur nos âmes jusqu’à nous étouffer.
Les Anglo-saxons ont le sens de l’intrigue.
Un homme fume seul sur scène ; il enterre sa femme. Le cercueil est posé au centre de la scène. On entend au loin le bruit des conversations des invités aux obsèques. Dans un instant, il se séparera du corps de celle qu’il aura aimée sans limite. Il raconte sa vie à la façon d’une anamnèse; et son chagrin accueille tendrement le fol amour qui le possède encore. Au sein d’une scénographie sidérale (très réussie) , cet homme parle de lui et de cette épouse remarquable; il nous atteste que l’esprit de sa femme tel celui de Tirésias aura survécu à la mort. Il nous raconte tout: son enfance, sa déréliction d’orphelin puis la rencontre avec sa future femme.
Les mots sont honorés par ce comédien si particulier qu’est Jean-Pierre Bouvier ; celui-ci (on se souvient de la force de son interprétariat dans LA VERSION BROWNING de Terence RATTIGAN) maitrise l’art théâtral de la déréalisation. Son personnage noyé par sa peine sans en faire trop, sans scories de jeu ou de mise en scène, le comédien apparait une fois de plus comme celui de la modération alors qu’il sert un texte de l’indécence et de l’excès.
Nous n’en dirons rien car il faut aller absolument voir Amour Amère qui fut un des succès d’Avignon 2021: la pièce posséde un twist et un cliffhanger. Nous ne spolierons rien sauf de dire que Jean-Pierre Bouvier laissera sur nos âmes et pour longtemps son pas pudique et sûr.
MODALITES
on se retrouve à l’Hebertot pour Amour Amère, une pièce précieuse, ma critique ici ; chacun réserve auprès de moi (davidrofesarfati@gmail.com) avant le 15 octobre pour un tarif groupe ou ensuite par le lien de réservation, ceux qui ont déjà vue la pièce a Avignon pourront se joindre à la discussion On se retrouve dans un lieu à définir prés de la place Clichy. La discutante sera Magali.