3 Septembre à l’Atelier “Il n’y a pas de Ajar” de Delphine Horvilleur

Argument

L’autrice est conteuse et rabbin, elle manipule l’humour juif avec un raffinement rageur. Delphine Horvilleur, après Réflexions sur la question antisémite et Vivre avec nos morts (éditions Grasset), compose pour le théâtre le monologue éclaté du fils imaginaire de l’écrivain Romain Gary et d’Émile Ajar, lui-même double fictif du premier. Abraham Ajar, rejeton inventé de l’auteur de La Vie devant soi, alias Gary/Ajar, s’exprime depuis sa cave, son « trou juif ».

NOTE D’INTENTION

Il y a plusieurs années de cela j’avais proposé qu’on place une nouvelle fête dans nos calendriers civils et religieux. Aux côtés de la Pâques (chrétienne ou juive), je souhaitais voir figurer une fête de « pas que », une journée par an où l’on se souviendrait qu’on n’est « pas que »…


Pas que juif, pas que musulman ou chrétien, pas que français, pas qu’homme ou femme. Tandis que nous étouffons sous les assignations communautaires, les obsessions identitaires, et tout ce qui nous enferme avec « les nôtres », il m’est soudain apparu qu’un homme détenait une clé pour nous faire penser. Cet homme s’appelle Ajar, à moins que cela ne soit pas son nom et qu’il n’ait jamais existé.
Il est l’homme qui n’est jamais « que » ce qu’il dit qu’il est.


Est-il l’auteur ou la victime d’une manipulation littéraire ? J’ai imaginé que cet homme/fiction littéraire avait donné naissance à un être qui nous parle aujourd’hui : de politique et de religion, de la force de la littérature ou de la vulnérabilité de nos narcissismes.


Ajar nous rappelle une évidence : nous sommes les enfants des livres que nous avons lus et des histoires qu’on nous a racontées, bien plus que de nos identités d’origine.

Voici le monologue d’un homme qui a lieu dans ma tête ou dans la vôtre, et nous dit qu’on n’est pas « que nous ».