L’AVANTAGE AVEC LES ANIMAUX C’EST QU’ILS T’AIMENT SANS POSER DE QUESTIONS de Rodrigo Garcia / mise en scène Christophe Perton

maxresdefaultRodrigo Garcia en quelques dates :

En 2009 dans Accidens, un acteur tue puis cuisine un homard sur scène. Dans Et balancez mes cendres sur Mickey, un acteur lance quatre hamsters à l’eau, dans un aquarium. Des associations de protection des animaux manifestent.

En 2011, et en 2014, des fondamentalistes chrétiens et des nationalistes hurlent au blasphème avec Golgota Picnic.

En 2013 Garcia  dans  la pièce Daisy introduit des cafards sur scène, des vrais, des vivants, luisants, gluants, noirs. Entassés, serrés les uns contre les autres, ils forment une masse mouvante et compacte qui métaphorise la  peste noire et  le  sentiment cafardeux. Les cafards ne sont pas seuls; des escargots, une tortue d’eau et deux petits chiens sont sur scène,  enfermés  eux aussi dans des caisses de batterie.
En 2014, Rodrigo Garcia tacle les intermittents qui ont annulé les représentations de Golgota Picnic. –  En prenant cette décision, je me sens sur le plan personnel comme une vraie merde, parce que nous ne pouvons pas faire notre pièce ! 

On l’aura compris, Rodrigo Garcia, est un iconoclaste, un libre penseur protestataire et un agitateur.

Dans  l’avantage avec les animaux …, Christophe Perton, le metteur en scène et Marc Lainé, son scénographe  ont choisi un décor de terrain de basket urbain, new yorkais. La présence des acteurs, leur prise de l’espace nous font adhèrer assez vite  à cette métaphore, un peu facile, de  l’enfermement. Car le sujet de cette pièce si on doit lui trouver un sujet, est l’enfermement. Ou peut être que non.

 Au théâtre d’Aix en Provence où j’ai vu la pièce, une mère et sa fille assises prés de moi manipulaient alternativement un bouquin de Daniel Pennac, qui semblait assez vieux pour avoir appartenu à la mère. Pennac a écrit : Naître, c’est à la portée de tout le monde ! Mais il faut devenir ensuite ! Devenir ! Le thème de cette pièce est peut être le chemin de ce devenir. On passe d’un sujet à l’autre, entre autres  les lunettes des chiottes,  la détestation des polos pastel Raf Lauren symbole de la bobo-bourgeoisie jusqu’à la scène finale de  la mort d’une mère, portée par sa fille dans la forêt, avec un chien, compagnon fidèle. Doit-on vraiment trouver un sujet?

Au-delà d’un propos, on rencontre surtout un auteur avec ses obsessions et ses angoisses, dont celle cardinale de la mort. Le texte nous confronte, au fond,  à un sujet, le sujet qui pense : l’auteur.

La mise en scène de Christophe Perton respecte cette parole de Rodrigo Garcia qui cherche à nous saisir et à nous emmener sur son chemin. La pièce est à trois personnages, un  homme, deux femmes. Sont-ils frères et sœurs, amis, on ne le saura pas,  Les personnages sont interchangeables et  la pièce est montée comme un monologue à trois voix.

Les personnages clament bougent, chantent dansent se contorsionnent. Un madison décalé signe une jolie performance de danseurs des trois acteurs. Aussi, Anne Tismer est éblouissante dans une danse rythmée par une musique à la Nina Hagen. Vincent Dissez, excellent comédien assure une belle présence virile, où violence et désespoir se mêlent. Judith Henry a les propositions les moins intéressantes à défendre cependant que sa diction parfaite, son autorité du jeu, et une belle occupation de la scène  nous retient. Anne Tismer est impressionnante. Son accent allemand nous gêne, la voix est un peu en-dessous, elle savonne un peu mais  le débit curieusement scandé donne du corps et nous fait entendre souvent combien le personnage de Garcia, (Garcia lui-même?)  peut être borderline.

Les trois personnages sont manifestement voisins de la folie. Ils racontent à tour de rôle la folie de l’auteur. Et pour cela, pour nous rendre ce témoignage,  ils sont parfaits, à bonne distance du texte. Ils sont à la hauteur du propos, du vide du propos.  La pièce parait un peu longue ou peut être que  le salmigondis des sujets nous désorientent, nous empêchent de nous localiser dans  un rythme qui traditionnellement nous cadence. Garcia aura brisé aussi la convention de la suite habituelle des actes et des scènes, dans un exploit d’iconoclaste.

Quant à l’insight nous découvrons ce que nous savions déjà;  nous nous parlons jamais vraiment sauf à nous-mêmes, ce qui fait de nous des fous.

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