Le Revizor, le théâtre d’un fou, soirée du 20 septembre.

220px-Портрет_ГоголяNicolaï Vassilievitch Gogol est né en 1809 au cœur de l’Ukraine, cadet de neuf enfants. Son père, décédé en 1825 alors que Nicolas n’a que 16 ans, écrit de petites pièces de théâtre et développe le goût de son fils pour la littérature. Sa mère lui donne une éducation religieuse traditionnelle qui au fil des ans évoluera vers un mysticisme maladif (pensées eschatologiques). Après de médiocres études au lycée de Nijyn, Gogol quitte l’Ukraine pour Saint-Pétersbourg avec l’ambition de faire une grande carrière dans l’administration. Il prétend que la première chose qu’il fit, une fois arrivé dans la capitale de l’Empire russe, fut de courir chez Alexandre Pouchkine qui, mal remis d’une nuit de fête, ne put malheureusement le recevoir. Mais ce qui l’attend d’abord à Pétersbourg, c’est un modeste emploi dans un ministère.

En 1831, Gogol quitte l’administration et devient professeur à l’Institut patriotique pour filles d’officiers nobles.

En 1833, Gogol traverse une profonde crise morale. Gogol, croyant orthodoxe, pense que chaque homme, qui est envoyé sur terre par Dieu, a une mission à accomplir. Il estime cependant ne pas encore avoir perçu le but de sa mission.

Gogol publie, en 1835, le recueil Arabesques, , qui contient notamment La Perspective Nevski, Le Portrait et Le Journal d’un fou. Le Journal d’un fou (l’histoire de la psychanalyse russe avec Ermankov est intimement liée à Gogol et en particulier à cette oeuvre, voir O. Douville) est considéré comme l’une des nouvelles les plus marquantes de Gogol.
Dans Le journal d’un fou, un humble fonctionnaire employé dans un ministère à tailler des plumes, voit un jour la réalité basculer et parvient à réaliser son rêve de grandeur par le délire paranoïaque. Il s’agira de la seule œuvre de Gogol écrite à la première personne et sous la forme d’un journal !
Dans Le portrait, un jeune peintre fauché dépense sa dernière pièce pour acheter un portrait magnifique dont le regard perçant lui fait faire des cauchemars. Dès le lendemain, sa vie va changer pour le meilleur et pour le pire.
Dans La Perspective Nevski, deux jeunes hommes courent après deux jolies dames qui ne sont pas ce qu’elles paraissent. Pour tous, la réalité à un moment déraille et leur obsession les conduit à la folie ou à la mort.

En 1836, la pièce de théâtre Le Revizor, met en scène un fonctionnaire. Le sujet lui a été fourni par Pouchkine, étant donné que ce dernier estime ne pas avoir le talent humoristique nécessaire à l’écriture d’une telle pièce. Le bourgmestre et toute l’administration d’une petite ville russe sont en émoi, dans l’attente du Revizor, inspecteur envoyé incognito par le gouvernement. Les fonctionnaires et autres officiels de la ville débordent d’activité pour dissimuler leurs méfaits. Comment le recevoir au mieux ? Et d’ailleurs, comment le reconnaître, s’il surgit incognito ? Deux habitants croient le reconnaître en la personne d’un jeune citadin exigeant, récemment arrivé à l’auberge. Au lieu de l’ardoise qu’il attend, celui-ci va être couvert d’honneurs et de flatteries. Le jeune homme se jouera de la méprise des fonctionnaires qui, abusés et terrorisés, se prêteront à toutes les bassesses pour plaire à celui qu’ils imaginent être le Revizor, allant jusqu’à croire devancer ses attentes quand il n’en formule même pas.
La pièce est applaudie par les libéraux, attaquée par les réactionnaires. Elle connaît un succès de scandale à Saint-Pétersbourg. Gogol se sent incompris. Il est tout autant irrité par ceux qui le soutiennent que par ceux qui le critiquent : tous détournent sa pensée profonde, pensant que Le Revizor est une satire politique, alors que Gogol a voulu une farce dénonçant la mesquinerie provinciale. En plein désarroi, il fuit la Russie et entame une longue période de douze ans de pérégrinations à travers l’Europe de l’Ouest.

Dans son maigre bagage, outre quelques habits, Gogol emporte le manuscrit de son grand roman, Les Âmes mortes. Il avait commencé à l’écrire en 1835, sur une idée donnée par Pouchkine.
Son expérience passée de médiocre employé de ministère lui inspire aussi une nouvelle fantastique, Le Manteau, dont le héros Akaki Akakiévitch est devenu l’archétype du petit fonctionnaire russe. Elle est publiée en 1843, dans ses Œuvres complètes.

À partir de ce moment, Gogol devient de plus en plus mystique. Il se persuade ainsi que sa mission est de sauver moralement la Russie, en la guidant vers le paradis. Ce cheminement vers le bien, Gogol entend le décrire dans une suite aux Âmes mortes.

Dans la nuit du 11 au 12 février 1852, Gogol brûle une dernière fois le manuscrit de la deuxième partie des Âmes mortes, dans son appartement du boulevard Nikitsky. Au matin, il accuse le diable de l’avoir trompé. Il se laisse ensuite mourir, refusant nourriture et soins. Gogol décède le 21 février 1852.

(©DROS avec Wikipedia)

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Michel Robin (tout le monde connait son visage mais peu connaissent son nom, se plaint il parfois) et Denis Podalidés, 1999. Le revizor , Comédie Française.

Les mises en scène notables du Revizor furent
• 1948 : Le Revizor de Nicolas Gogol, mise en scène André Barsacq, Théâtre de l’Atelier
• 1967 : Le Revizor de Nicolas Gogol, mise en scène Edmond Tamiz, Théâtre de l’Est parisien
• 1999 : Le Revizor de Nicolas Gogol, mise en scène Jean-Louis Benoit, Comédie-Française , (que j’ai eu la chance de voir), Molière mérité cette année là de la meilleure pièce. Avec  Denis Podalidés dans le role du Revizor, Roland bertin,
Roland Bertin, Claire Vernet, Alain Pralon, Alberte Aveline, Jean Dautremay †, Isabelle Gardien, Igor Tyczka, Pierre Vial,
Christian Blanc, Coraly Zahonero , Nicolas Lormeau, Roger Mollien, Laurent Montel, Michel Robin.

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